Boire les eaux d'une source oubliée
Quelle est l'origine de la musique ? Quelle est sa plus haute vocation dans la vie humaine ? Pourquoi a-t-elle un si fort impact sur nous ?
L'étude des sociétés antiques et primitives nous montre qu'à l'origine, tous les arts devenus "arts de la scène", y compris la musique, étaient liés à des pratiques chamaniques, c'est à dire cherchant à relier les hommes au sacré, à leur partie la plus authentique et la plus profonde.
Est-il possible de renouer avec ces racines anciennes, de sortir de l'art comme simple distraction, de l'art comme produit, ou encore de "l'art pour l'art" ?
Pourquoi un hymne à Shiva, un oratorio de Bach ou un chant dervishe seraient-ils plus "sacrés" que les sublimes Gnossiennes pour piano d'Erik Satie ? Est-ce possible d'utiliser ce mot, "sacré" d'une façon qui prend compte des traditions religieuses, mais qui est indépendent de leur approbation ? Que faire du déferlement des musiques venues d'autres traditions alors que nous sommes nous-mêmes coupés de pratiques traditionnelles ?
Telles sont quelques unes des nombreuses questions qui se posent à nous et qui se résument à celle-ci :
Quel sens et quelle forme peut avoir une musique sacrée d'aujourd'hui ?
Pas de solution simple. L'important est sans doute de garder cette question comme un axe, en se rappelant la puissance merveilleuse de la musique en ce que, par moments, elle nous ramène à l'essentiel, au meilleur de nous, en provoquant une expérience à la fois fondamentale et radicalement novatrice.
Les débuts de notre musique avec le Chant Grégorien
(introduction à l'album Alma Anima)
Notre approche a commencé au cœur de notre propre héritage culturel, celui de la civilisation chrétienne de l'Europe occidentale. A nos yeux, cette culture est porteuse d'un oeucuménisme beaucoup plus vaste qu'elle ne l'a jamais démontré : plus ouvert, plus tolérant, et plus à l'écoute d'autres traditions. C'est d'ailleurs en touchant les racines les plus anciennes de la musique occidentale, le chant grégorien, que nous avons découvert une universalité surprenante. Ce chant a beaucoup plus en commun avec les musiques non-occidentales que toutes les musiques chrétiennes qui l'ont suivi.
Rappelons au passage que la vraie tradition du chant grégorien, transmise oralement de maître à disciple, s'est éteinte voici plusieurs siècles. Ce que chantent les moines et les médiévistes aujourd'hui, ne sont que des reconstructions hypothétiques récentes et nul ne sait comment ces chants étaient interprétés. Seules nous restent des mélodies écrites sur manuscrits, toutes imprégnées des aspirations des hommes du Moyen Age.
Malgré les siècles d'oubli, ce chant nous a étonné par ses audaces, une grande liberté dans le mouvement et un sens de l'équilibre qui rappellent la sensualité de l'art roman. C'est cette originalité-même qui nous a incités à 're-partir' de ce chant pour inventer, ré-inventer une musique vocale d'aujourd'hui, expression d'un art véritable de la voix.
Le chant grégorien porte en son centre des éléments universels. Chacun a pu ressentir cela à son écoute, et curieusement, cette impression est partagée par des gens de cultures musicales et religieuses très différentes. Des juifs et des musulmans, des musiciens indiens y ont reconnu une similitude avec leur pratique. Et des chrétiens africains ont adapté le plain chant en le mariant à leurs rythmes...
Comment expliquer cette universalité ? Peut-être est-ce lié au fait que le chant grégorien se rapproche justement des racines les plus profondes de la musique occidentale, là où se trouve le contact mystérieux de l'Orient et de l'Occident, juste avant leur distinction si clairement manifeste après l'avènement de l'harmonie et de la polyphonie.
En chantant leurs mélismes au long des années, le désir d'improviser sur les chants grégoriens s'est fait jour naturellement. La voix cherche d'elle-même à repousser ses limites; elle vous-demande à se déployer hors de tout carcan, au-delà des partitions, pour aller à la rencontre du moment présent. Par là-même, nous renouons avec une pratique oubliée, car il semble bien que l'improvisation était couramment pratiquée par les chantres médiévaux, comme dans les autres traditions indo-européennes et sémitiques.
Aujourd'hui, notre musique s'est élargie à d'autres cultures, pour aller à la rencontre d'autres traditions vocales sacrées, antiques ou actuelles. Nous incorporons des instruments traditionnels aussi bien que des sons électroniques. Tout en restant notre grande source d'inspiration, le chant grégorien nous a guidés à son tour vers ses origines ancestrales et universelles : le Temple de Salomon, les pyramides d'Egypte, les Védas, les rythmes chamaniques aux origines de toute musique sacrée.
Dans cette diversité de couleurs musicales, le noyau est pour nous toujours le même : exprimer les mille et une facettes de la relation à l'Essentiel qui est en chacun de nous.
Quelle est l'origine de la musique ? Quelle est sa plus haute vocation dans la vie humaine ? Pourquoi a-t-elle un si fort impact sur nous ?
L'étude des sociétés antiques et primitives nous montre qu'à l'origine, tous les arts devenus "arts de la scène", y compris la musique, étaient liés à des pratiques chamaniques, c'est à dire cherchant à relier les hommes au sacré, à leur partie la plus authentique et la plus profonde.
Est-il possible de renouer avec ces racines anciennes, de sortir de l'art comme simple distraction, de l'art comme produit, ou encore de "l'art pour l'art" ?
Pourquoi un hymne à Shiva, un oratorio de Bach ou un chant dervishe seraient-ils plus "sacrés" que les sublimes Gnossiennes pour piano d'Erik Satie ? Est-ce possible d'utiliser ce mot, "sacré" d'une façon qui prend compte des traditions religieuses, mais qui est indépendent de leur approbation ? Que faire du déferlement des musiques venues d'autres traditions alors que nous sommes nous-mêmes coupés de pratiques traditionnelles ?
Telles sont quelques unes des nombreuses questions qui se posent à nous et qui se résument à celle-ci :
Quel sens et quelle forme peut avoir une musique sacrée d'aujourd'hui ?
Pas de solution simple. L'important est sans doute de garder cette question comme un axe, en se rappelant la puissance merveilleuse de la musique en ce que, par moments, elle nous ramène à l'essentiel, au meilleur de nous, en provoquant une expérience à la fois fondamentale et radicalement novatrice.
Les débuts de notre musique avec le Chant Grégorien
(introduction à l'album Alma Anima)
Notre approche a commencé au cœur de notre propre héritage culturel, celui de la civilisation chrétienne de l'Europe occidentale. A nos yeux, cette culture est porteuse d'un oeucuménisme beaucoup plus vaste qu'elle ne l'a jamais démontré : plus ouvert, plus tolérant, et plus à l'écoute d'autres traditions. C'est d'ailleurs en touchant les racines les plus anciennes de la musique occidentale, le chant grégorien, que nous avons découvert une universalité surprenante. Ce chant a beaucoup plus en commun avec les musiques non-occidentales que toutes les musiques chrétiennes qui l'ont suivi.
Rappelons au passage que la vraie tradition du chant grégorien, transmise oralement de maître à disciple, s'est éteinte voici plusieurs siècles. Ce que chantent les moines et les médiévistes aujourd'hui, ne sont que des reconstructions hypothétiques récentes et nul ne sait comment ces chants étaient interprétés. Seules nous restent des mélodies écrites sur manuscrits, toutes imprégnées des aspirations des hommes du Moyen Age.
Malgré les siècles d'oubli, ce chant nous a étonné par ses audaces, une grande liberté dans le mouvement et un sens de l'équilibre qui rappellent la sensualité de l'art roman. C'est cette originalité-même qui nous a incités à 're-partir' de ce chant pour inventer, ré-inventer une musique vocale d'aujourd'hui, expression d'un art véritable de la voix.
Le chant grégorien porte en son centre des éléments universels. Chacun a pu ressentir cela à son écoute, et curieusement, cette impression est partagée par des gens de cultures musicales et religieuses très différentes. Des juifs et des musulmans, des musiciens indiens y ont reconnu une similitude avec leur pratique. Et des chrétiens africains ont adapté le plain chant en le mariant à leurs rythmes...
Comment expliquer cette universalité ? Peut-être est-ce lié au fait que le chant grégorien se rapproche justement des racines les plus profondes de la musique occidentale, là où se trouve le contact mystérieux de l'Orient et de l'Occident, juste avant leur distinction si clairement manifeste après l'avènement de l'harmonie et de la polyphonie.
En chantant leurs mélismes au long des années, le désir d'improviser sur les chants grégoriens s'est fait jour naturellement. La voix cherche d'elle-même à repousser ses limites; elle vous-demande à se déployer hors de tout carcan, au-delà des partitions, pour aller à la rencontre du moment présent. Par là-même, nous renouons avec une pratique oubliée, car il semble bien que l'improvisation était couramment pratiquée par les chantres médiévaux, comme dans les autres traditions indo-européennes et sémitiques.
Aujourd'hui, notre musique s'est élargie à d'autres cultures, pour aller à la rencontre d'autres traditions vocales sacrées, antiques ou actuelles. Nous incorporons des instruments traditionnels aussi bien que des sons électroniques. Tout en restant notre grande source d'inspiration, le chant grégorien nous a guidés à son tour vers ses origines ancestrales et universelles : le Temple de Salomon, les pyramides d'Egypte, les Védas, les rythmes chamaniques aux origines de toute musique sacrée.
Dans cette diversité de couleurs musicales, le noyau est pour nous toujours le même : exprimer les mille et une facettes de la relation à l'Essentiel qui est en chacun de nous.